Brève biographie du frère Bartolomé Fernandes, « Barthélémy des martyrs »
(par le Frère Gianni Festa OP, Postulateur général de l’Ordre)
Bartolomé Fernandes est né à Lisbonne le 3 mai 1514. Il prit le surnom "Barthélémy des martyrs" en mémoire de l’église de Santa Maria dei Martiri où il fut baptisé et où son grand-père l’emmenait prier chaque jour. Après avoir pris l’habit dominicain (le 11 novembre 1528), il fit son noviciat au couvent de Lisbonne et acheva ses études de philosophie et de théologie en 1538. Il devint plus tard lecteur au couvent de Lisbonne et, plus tard, dans les couvents de Batalha et d’Évora (1538-1557). Enfin, il fut élu prieur du couvent "de Benfica" à Lisbonne, (1557-1558). Il fut nommé Maître en Théologie Sacrée par le Chapitre Général de Salamanque en 1551, un chapitre très important car parmi les huit Maîtres en Théologie se trouvait le célèbre Bartolomé Carranza de Miranda, que Barthélémy lui-même défendit à Trente contre la condamnation de l’Inquisition espagnole. En 1559, il fut élu archevêque de Braga sur la recommandation de Catherine de Habsbourg et sur les conseils du Serviteur de Dieu, Luis de Granada, son frère, ami et futur biographe. De 1561 à 1563, il participe au Concile de Trente dont il devient l’un des principaux acteurs et protagonistes, notamment en ce qui concerne la réforme du clergé et des évêques. De retour à Braga, malgré l’opposition très forte et répétée du clergé local, il déploie tout son zèle pour réformer le diocèse dans l’esprit des décrets tridentins, convoquant en 1564 le Synode diocésain et, en 1566, le Synode provincial. En 1571 ou 1572 commença la construction du Séminaire du Conseil à Campo Vinha. Le 23 février 1582, il démissionna de ses fonctions d’archevêque et de « primat d’Espagne » et se retira au couvent de Santa Cruz, à Viana do Castelo, (qu’il fonda lui-même en 1561) pour se consacrer avec humilité et pauvreté aux études, à la prière et à la prédication. C’est là qu’il mourut, comme simple frère, le 16 juillet 1590, alors que toute la ville l’acclamait déjà comme le saint archevêque, père des pauvres et des malades. Sa tombe se trouve actuellement dans l’église de Santa Cruz à Viana do Castelo.
Saint Jean Paul II le béatifia le 4 novembre 2001, fête de Saint Charles Borromée, dont Barthélémy fut l’ami et le maître. Leur rencontre à Rome fut décisive pour le jeune cardinal milanais, non seulement parce qu’il confirma son choix de quitter la Curie romaine et d’aller à Milan pour exercer son ministère épiscopal, mais aussi parce que, grâce aux conseils et à l’exemple de Barthélémy, il entreprit la réforme du diocèse ambrosien.
Barthélemy des martyrs est l’une des figures marquantes de l’histoire de l’Église la première ère moderne. En tant qu’archevêque de Braga, il a participé au Concile de Trente et c’est grâce à sa présence et à ses interventions que le Concile a approuvé le décret sur la réforme de l’épiscopat. Il incarnait un modèle de nouvel évêque, né de la Réforme catholique, et un pasteur selon le modèle évangélique de feu Barthélémy, qui déjà de son vivant jouissait d’une excellente réputation de sainteté auprès de¬ ses contemporains. Mais cette sainteté, universellement reconnue aujourd’hui, ne peut se limiter à la sphère du ministère pastoral mené depuis des années dans l’Église locale de Braga au Portugal et vigoureusement défendue dans son intégrité au Concile de Trente, et elle doit aussi être comprise et révélée dans les autres domaines de sa vie terrestre : un fils humble et pauvre de saint Dominique ; un¬ lecteur assidu de¬ l’Écriture Sainte et un profond connaisseur de théologie et de spiritualité ; un enseignant érudit, prêt à dispenser la doctrine, ainsi que ce qu’il avait appris dans ses études et sa prière, avec clarté et éloquence ; un religieux, contemplatif et apostolique à la fois, témoin parfait de cette¬ définition¬ traditionnelle et connue du¬ frère prêtre qui remonte à saint Thomas d’Aquin, selon laquelle le charisme du¬ dominicain est celui de contemplari et contemplata aliis tradere.
Sa canonisation, demandée dans le passé avec tant de ténacité par l’¬Église portugaise et l’Ordre des Prêcheurs, est basée sur la conviction que cette dernière et toute l’Église avaient besoin d’un tel saint : se souvenir de l’¬exemple de sa vie est important pour approfondir la spiritualité dominicaine¬, le¬ sacerdoce¬ ministériel, le munus épiscopal et l’esprit de service et de renoncement qui le caractérise toujours dans son engagement envers l’Église et le peuple¬ qui lui est confié.
L’importance de son message pour les pasteurs de l’Église, jamais terni et toujours ininterrompu au cours des siècles, trouva une auguste confirmation dans le geste de saint Paul VI à la fin du Concile Vatican II, lorsqu’il donna à chaque père du Concile une copie du Stimulus Pastorum, rédigé par fr Bartholomé. Aujourd’hui, il est surprenant de voir la proximité incontestable entre le contenu des écrits sur le ministère épiscopal de notre bienheureux, le style de vie assumé avant et après sa nomination comme archevêque de Braga, l’attitude indomptable envers l’œuvre d’évangélisation et de réforme et le magistère du Pontife actuel, le Pape François, qui, dès les premières déclarations et discours, a eu l’occasion de s’attarder avec des accents nouveaux et des images originales sur le style pastoral de chaque prêtre qui, selon lui, doit se modeler sur l’image du pasteur qui défend et guide toujours les brebis qui lui ont été confiées et auxquelles il consacre et offre sa vie.