Mission Hontanas : chronique n°5

Ce furent deux semaines pleines de nouvelles expériences, de fraternité et de mission partagée avec les pèlerins du Chemin de Saint-Jacques et, parfois, avec les voisins du village.

Ma première rencontre avec cette réalité a eu lieu en mai avec une communauté en accordéon, qui s’est agrandie et réduite au fur et à mesure que certains d’entre nous arrivaient et que d’autres partaient.

Alors que j’avais dit à Esther qu’en principe j’observerais comment faire les massages, la réalité m’a bousculée et dès le premier jour, sans savoir comment et sans m’y attendre, je me suis retrouvée seule face à un jeune pèlerin qui s’est approché de moi pour un massage des pieds. Je n’ai pas eu le temps de réagir si ce n’est de dire « bien sûr, assieds-toi et commençons ». Je m’attendais à ce qu’une sœur apparaisse et me cède ma place, mais cela ne s’est pas produit, et le reste a coulé de source. Ma tension initiale s’est transformée lorsque nous avons commencé à parler et que le jeune homme m’a fait part de ses motivations pour entreprendre la marche vers Saint-Jacques-de-Compostelle.

Ce premier moment a déjà libéré mes mains et mon cœur pour commencer à vivre pleinement l’expérience. Nombreux étaient ceux qui venaient chaque jour chercher des massages et la possibilité de parler, ce qui nous a permis de connaître leurs préoccupations pour se mettre en route : faire silence, réfléchir sur des réalités personnelles, regarder à l’intérieur d’eux-mêmes... être reconnaissants.

Beaucoup d’autres personnes sont également venues aux séances de prière chaque après-midi. Un espace simple et symbolique, qui a aidé plus d’une personne à se relier à Dieu, à sa propre personne et à la raison pour laquelle elle s’est mise en route. A la fin de chaque prière, ils sont venus remercier et apprécier le temps offert.

La deuxième semaine, en juin, a également été un espace riche d’enseignements. Les premiers jours, trois mousquetaires (Ma. Emmanuel, Alphonsine et moi-même) et nous avons terminé la semaine en duo dynamique (Alphonsine et moi-même). La dynamique de chaque jour a suivi son rythme pour donner vie à la communauté, préparer les activités et accueillir les pèlerins le soir.

Cette semaine, nous avons été accompagnés par le rythme contagieux du « Tantan », qu’Alphonsine, après la prière, a fait résonner sur la place et qui a attiré certains à chanter et à danser. Ce fut encore une bonne occasion de se rapprocher des pèlerins.

Comme il ne manque jamais d’imprévus, cette semaine, nous sommes tombés en panne de chauffe-eau, mais comme la vie est une réinvention permanente, nous avons cherché quelques stratégies pour le faire fonctionner afin que la douche ne soit pas un épisode traumatisant à cause de l’eau presque gelée. Une fois ce test terminé, tout s’est déroulé normalement. Ce n’était qu’une petite mésaventure, car la richesse de la vie, la communauté et la mission sont encore assez fortes pour surmonter même ces imprévus.

Merci à chacune des sœurs-compagnes avec lesquelles j’ai pu partager ces journées et aux sœurs dominicaines romaines pour avoir offert cet espace.

Yohana Rodríguez Rondón. DMSF