Olga de Elie Grappe (novembre 2021)
Chronique cinéma de soeur Hélène Feisthammel
Primé à Cannes 2021, le film suit le parcours d’une jeune gymnaste ukrainienne exilée en Suisse.
L’histoire se déroule en 2013. Olga, une gymnaste ukrainienne de quinze ans, s’exile en Suisse pour suivre ses entraînements après avoir été brutalement agressée avec sa mère, une activiste politique. Mais, alors qu’elle se prépare pour les championnats d’Europe, la révolte d’Euromaïdan, où les manifestants pro-européens se retrouvent écrasés par les autorités à Kiev, éclate.
Elie Grappe réalise cet impressionnant premier long-métrage de fiction. Collant au plus près du corps et du visage de son héroïne, le cinéaste confronte le sport et la politique, le sens collectif et individuel, la violence de la compétition et la sauvagerie de la répression sociale dans un portrait d’adolescente d’une justesse inouïe.
Auteur du court-métrage Suspendu qui se focalisait sur un jeune danseur d’un grand conservatoire et ayant cosigné un documentaire sur une musicienne ukrainienne plongée dans la même situation que sa protagoniste, Elie Grappe se plaît à capturer l’exigence que s’impose certaines personnes dans leur discipline, où la passion confine à l’obsession.
«Je pense que je comprends ce côté obsessionnel, même si cette obsession est un peu en dehors du monde. Pour Olga, j’avais envie de confronter ça avec un événement beaucoup plus large, qui a une dimension géopolitique, et qui va dépasser complètement mon personnage», indique le réalisateur.
Ces deux mondes ne sont pourtant pas totalement séparés pour le réalisateur: «Quand j’allais voir des entraînements, j’avais parfois juste envie de fermer les yeux et d’écouter. J’ai mis longtemps avant de me rendre compte que les sons de la gymnastique ressemblent étrangement à ceux d’Euromaïdan. Le claquement des barres, les détonations.». Ce son de la révolution «lui reste dans l’oreille» quand Olga revient à la gym. Elle est ainsi déchirée entre passion personnelle et destin collectif. Entre sa lutte intime pour sa réussite personnelle de gymnaste exceptionnelle et le combat de son pays pour la liberté.