Pour Justice et Paix au Canada

En juillet 2022, le pape François, entreprend un pèlerinage au Canada pour aller à la rencontre des communautés autochtones et à leur demande, pour présenter des excuses officielles pour l’implication de l’Église catholique dans l’administration des pensionnats autochtones et d’ouvrir un chemin de réconciliation. Et depuis, la journée du 31 septembre, dans beaucoup de villes et de groupes, on fait une journée de vérité et de réconciliation par une marche et différentes activités.
Cette année, un frère dominicain à Montréal, a proposé un pèlerinage en terres autochtones. Avec l’aide d’un organisme spécialisé, nous sommes partis (20 personnes) pendant 5 jours à la rencontre de quelques communautés autochtones. C’est un long voyage en traversant les forêts, pour arriver dans de jolis villages qu’on appelait réserves indiennes. Nous avons été très bien accueillis. Nous avons fait la marche de de la réconciliation avec la communauté qui comptait quelques femmes survivantes des pensionnats. Nous avons vécu le rite de purification avec la sauge, fait une prière personnelle avec une pincée de tabac jetée au feu et recueilli nos larmes dans des mouchoirs amassés dans des sacs de papier et brûlé en hommage… Nous les avons écoutés nous parler de leurs coutumes et surtout de leurs souffrances. Nous avons demandé pardon au nom de l’Église et des communautés religieuses et avons échangé avec eux. Nous avons prié ensemble. C’était très émouvant et c’était une occasion de cheminer vers la paix.

Laissez-nous raconter :

L’Histoire crochie ( tordue)

Notre grande Histoire collective a été crochie par des siècles de colonisation et par les manuels d’histoire. Cette distorsion a entraîné au fil du temps des conséquences qui perdurent encore aujourd’hui. C’est par 11 mots que l’animatrice et poète innue Marie-Andrée Gill et les communautés issues des Premiers Peuples au Québec, (chez nous), Labrador et au Nouveau-Brunswick reprennent le bâton de parole pour partager avec nous leur vision du monde et décoloniser l’histoire, un mot à la fois.

Sauvage

D’un naturel libre et pur, le sens du mot « sauvage » a évolué de manière péjorative. Les Premiers Peuples ont été considérés comme des êtres non civilisés, synonymes de barbarie, de bestialité, cruauté et de férocité. Un fossé s’est créé, et les préjugés perdurent. Mamu, ensemble, on retrouve le véritable sens du mot « sauvage ».

Réserve

Les Premiers Peuples habitaient un territoire sans frontières, sans titres de propriété, avant d’être déplacés dans des réserves. Les autorités coloniales voulaient l’accès au territoire pour l’exploiter et le diviser. Mamu, ensemble, on élargit le mot « réserve » pour découvrir que le territoire est bien plus qu’une affaire de propriété.

Dieu

Très tôt, les religions chrétiennes avec leur Dieu vengeur et punitif, ont brisé les rituels et les spiritualités des Premiers Peuples par l’intermédiaire des missionnaires, puis des pensionnats. La doctrine hiérarchique de l’Église nous a été imposée. Mamu, ensemble, on décolonise le mot « Dieu » et on découvre la richesse de nos spiritualités.

École

Pendant plus de 150 ans, les pensionnats indiens ont été l’un des principaux moyens pour nous assimiler et « tuer l’indien dans l’enfant ». Ces écoles obligatoires ont brisé nos familles, nos langues et nos cultures. Leurs conséquences sont vécues de génération en génération. Le gouvernement canadien a confié ces pensionnats aux communautés religieuses (hommes et femmes) pour que ces enfants deviennent de bons canadiens français, catholiques, mais sans assez de revenus pour subvenir à tous leurs besoins. Enlevés de force à leurs familles, ils passaient l’année sans les voir. Ils ont été maltraités et plusieurs sont décédés sans que les familles les retrouvent.

Réconciliation

Le mot « réconciliation » est entré dans le vocabulaire politique du pays, mais que veut-il réellement dire pour les Premiers Peuples ? Des communautés expriment leurs visions sur ce sujet controversé. En est-on vraiment rendus à la réconciliation ? Mamu, ensemble, on se parle d’une démarche de recherche de vérité, d’écoute et de rencontre.