Commentaire des lectures bibliques du vendredi 22 novembre 2024

Lectures :
• Ap 10,8-11
• Ps 118,14.24.72.103.111.131
• Lc 19,45-48

I- Il faut que tu prophétises de nouveau…

Dans le langage, difficile à interpréter propre à l’Apocalypse, nous trouvons aujourd’hui un petit fragment du chapitre 10. Nous sommes dans la section qui présente le récit des « Sept trompettes », utilisant beaucoup d’éléments de l’Ancien Testament. Dans ce récit, sept anges – chacun d’eux avec une trompette – font sonner leur instrument. Chaque coup de trompette implique une grande catastrophe pour la terre et pour l’humanité. Il semble que tout va finir.

Après le sixième coup de trompette le récit s’interrompt pour présenter un « petit livre » qu’un autre ange porte en main. Et l’auteur qui écrit toutes ces visions se sent appelé à s’approcher de l’ange et à prendre le livre.

Ensuite, dans une action symbolique, tirée du prophète Ezéchiel (Ez 2,8-3,3), il prend le livre et le mange, sur indication de l’ange. Que contient ce livre ? La Parole de Dieu, son message pour nous.

Un message que le prophète éprouve comme guérison et libération, « doux comme du miel », mais qu’il ne peut garder pour lui, s’isolant de ce qui se passe dans la réalité et en en « profitant » tranquillement. Il doit intérioriser et digérer cette Parole jusqu’à ce qu’il découvre qu’il doit la proclamer dans la situation terrible qui vient d’être décrite. Car cette Parole a le pouvoir de nous sortir du chaos que nous, les êtres humains générons. Et celui qui l’a reçue se sent poussé à l’annoncer. Cela n’est pas facile, « la saveur en est amère ». Nous en avons l’exemple le plus parfait en Jésus…

II- Tout le peuple, suspendu à ses lèvres, l’écoutait

Alors qu’Il s’approche de la fin de sa vie, à peine arrivé à Jérusalem, Jésus monte au Temple pour accomplir une action impensable, du fait de son audace et de sa dangerosité. Jésus agit avec autorité. Il l’a reçue du Père, mais - en plus – il vient d’être reconnu par le peuple qui le reçoit et le salue comme celui qui vient au nom du Seigneur. Il est urgent pour lui de mettre les choses à leur place, de purifier le Temple, de le libérer des pratiques qui l’empêchent d’accomplir sa fonction.

Cette fois, Jésus réalise un geste public inouï, avec une fermeté et une détermination qui ne peuvent passer inaperçues. Il ne peut accepter que le peuple vive dans la confusion et trompé par un fonctionnement du Temple qui prive les personnes d’une vraie rencontre avec Dieu, Lui qui guérit, pardonne, réconcilie.

La phrase qui apparaît sur ses lèvres est tirée de deux textes de l’Ancien testament, des prophètes Isaïe (56,7) et Jérémie (7,11). Et nous pouvons déduire de ces deux textes ce qui angoissait et indignait Jésus quant au fonctionnement du Temple, et la raison pour laquelle il agit comme il le fait :

- Le Temple, lieu de prière, qui doit être ouvert à tous les peuples est un terrain fermé qui semble être la propriété de quelques-uns, et auquel même tous les membres du peuple n’ont pas la possibilité d’accéder.
- La relation avec Dieu s’est convertie en un commerce : par des rites, des offrandes et des sacrifices on peut acheter Dieu, obtenir ce dont nous avons besoin, le mettre de notre côté… Le mal, le péché, peuvent être relativisés et banalisés : tout se solutionne avec de l’argent. Un argent qui enrichit ceux qui tiennent leur négoce établi dans le Temple.
- Et cela signifie, inévitablement, la discrimination des plus pauvres : si tu n’as pas d’argent, tu n’as rien à offrir à Dieu. D’où la classification des offrandes en fonction de leur valeur monétaire.

Tout cela et ce qui en plus impliquait la dynamique du Temple, « oblige » Jésus à agir et aboutit à sa condamnation à mort : tous les pouvoirs se mettent d’accord sur la nécessité d’en finir avec Lui. L’unique difficulté était que le peuple, au contraire, était suspendu à ses lèvres et écoutait sa Parole.

Peut-être pouvons-nous venir à notre propre réalité et nous interroger sur toutes ces questions, pour lesquelles Jésus a mis sa vie en jeu, en relation avec nos temples. Considérons-nous comme prioritaire qu’ils soient des lieux où les personnes puissent vivre en fonction de la Parole du Seigneur ? Jésus serait-il préoccupé par certaines des choses qui alors l’ont poussé à agir ?

Sr Gotzone Mezo