Brésil : Brumadinho : Mémoire, justice et espoir dans la conversion à l’écologie intégrale

Six ans après la rupture du barrage, l’espoir alimente la lutte pour la justice, la mémoire et la défense des droits des personnes frappées par la tragédie. La lutte pour une vie digne et pour la non-répétition de ce type de drame, se poursuit dans les territoires atteints.

Ce crime environnemental tragique a eu de nombreuses conséquences concrètes et douloureuses pour les victimes de l’effondrement du barrage de Vale à Brumadinho. Aujourd’hui encore, le deuil et les larmes retentissent dans les communautés touchées, dans les familles des victimes de la tragédie, chez les travailleurs qui se sont retrouvés sans revenus, dans l’interruption des rêves de milliers de personnes qui vivaient de la source d’eau, de l’approvisionnement, ainsi que des loisirs et de la détente sur le fleuve Paraopeba.

272 personnes ont perdu la vie, dont deux bébés de femmes enceintes. Face aux impacts environnementaux et socio-économiques majeurs qui ont affecté des milliers de personnes dans différentes municipalités de l´état de Minas Gerais, dans le bassin de la rivière Paraopeba, à ce jour, aucune personne n’a été condamnée pour ce délit pénal.

Le souvenir est irréparable... La journée du 25 janvier a été chargée de beaucoup d’émotions, de sentiments de lutte et de communion. Nous étions là avec divers membres des familles encore endeuillées, des indigènes, des quilombolas et d’autres pèlerins - femmes, hommes, jeunes, enfants et personnes âgées - qui étaient présents avec une force affective et amoureuse dans leur foi, dans un effort continu et collectif d’espoir et d’unité, cultivant ensemble le droit de se souvenir de ceux qui sont morts dans la tragédie.

Le pèlerinage pour l’écologie intégrale à Brumadinho a commencé par une célébration eucharistique au sanctuaire archidiocésain de Notre-Dame du Rosaire, puis les pèlerins ont effectué une longue marche priante dans les rues de la ville jusqu’à l’espace commémoratif, où des manifestations ont eu lieu. Des manifestations, des débats, des moments de silence, la projection d’un film sur les six ans de la tragédie, des performances artistiques, la lecture des noms des 272 personnes décédées et, à la fin, le lancement dans le ciel de ballons jaunes biodégradables symbolisant les jours écoulés depuis la rupture du barrage. Les échanges entre les différentes personnes touchées par les barrages, tant au niveau local que dans d’autres villes du Minas Gerais, ont renforcé les liens d’action pour la justice et la réparation.

En faisant mémoire des morts et de ces pertes qui nous ont blessé et qui continuent de crier sur ce terrain marqué par la douleur, la lutte se transforme en semences. Elle enseigne de nouvelles leçons et nous encourage à atteindre un nouveau niveau de coexistence face à la douleur des autres.

Dans l’esprit de l’année jubilaire, le pèlerinage pour l’écologie intégrale à Brumadinho met un principe particulier à l’horizon de chacun : « L’espérance ne trompe pas » (Romains 5:5). La justice, la mémoire et l’espérance ne peuvent être négligées, car dans cette terre marquée par la douleur, il y a le caractère sacré de chaque personne et de l’environnement, la maison commune. C’est dans ce lieu, épicentre de la tragédie, que nous avons terminé le Pèlerinage écologique intégral en regardant vers le ciel, réaffirmant dans l’envol de ballons jaunes remplis de graines de tournesol, la mémoire des jours passés depuis la tragédie, des 272 vies emportées par le crime environnemental et humain de Vale, et surtout, la certitude de la justice et de la réparation.

La marque de la foi et de la résistance est vivante dans les cœurs ouverts et brûlants d’espoir, marqués par la douleur, mais aussi par la vie sur le chemin de la terre qui nous accueille et nous nourrit. Qu’il en soit ainsi ! Amen

Ir. Luciana Vinícius de Souza, OP.
Comunidade Nossa Senhora de Guadalupe/BH.

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